(set: $sweet to 0) (set: $fierce to 0) Nous sommes le vendredi 21 décembre, il est huit heures, j'ouvre enfin les yeux. Une bonne heure s'est sans doute écoulée depuis que mon réveil a sonné. Je prends une grande inspiration, compte jusqu'à trois, puis me lève enfin de mon lit. Je reste assis sur le rebord du matelas, la couette encore sur mes jambes et à moitié à terre. Je passe une main dans mes cheveux bouclés en désordre, puis me frotte doucement les yeux. Nous sommes le vendredi 21 décembre, et c'est mon anniversaire. C'est aussi le solstice d'hiver. Les températures baissent, le soleil n'existe plus, les nuits sont longues mais on nous exige quand même de fonctionner comme tous les autres jours de l'année. J'enfile les premiers vêtements qui me tombent sous la main, débranche mon téléphone alors posé sur la table de chevet et me dirige vers la cuisine. J'ai toujours pensé que le petit-déjeuner était le repas le plus important de la journée, mais on m'a récemment appris qu'il s'agissait d'un mythe. Ça ne saurait m'empêcher d'en prendre un diligemment tous les matins. J'ai besoin de ma petite dose de sucre. > [[Je me sers un café avec les restes d'une boîte de biscuits au chocolat.]] > [[Je verse les cornflakes dans un bol et y ajoute du lait bien frais.]](set: $fierce to it + 2) (goto: "Go")(set: $sweet to it + 2) (goto: "Go")(if: (history:) contains "Je me sers un café avec les restes d'une boîte de biscuits au chocolat.")[Je bois doucement mon café, un peu trop chaud.] (if: (history:) contains "Je verse les cornflakes dans un bol et y ajoute du lait bien frais.")[Je mange tranquillement mes céréales avec une cuillère un peu trop grande.] Je n'ai qu'une seule envie : retourner dans mon lit et me rendormir pour le reste de la journée. L'idée d'abandonner tous les projets que j'avais pour cette journée était extrêmement tentante, mais je ne peux pas. Je me le suis interdit. Programme de la journée, faire quelque chose d'utile à ma vie. Ne pas allumer l'ordinateur. Parler aux gens dehors. Appeler les gens à qui je tiens, leur dire que je les aime. Aller à ce foutu entretien d'embauche, et ne pas fuir comme je l'ai fait à chaque fois. Marcher quelque part. Me faire à manger, au lieu de dépenser le peu d'argent qu'il me reste dans un fast food. Lui proposer de discuter autour d'un café, au lieu de lui parler uniquement par message. Mais surtout, aller à cet entretien d'embauche. Je passe mes journées à ne rien faire et à attendre que le temps passe. Je sais que je vaux mieux que ça, mais je ne peux pas m'empêcher de rester dans cette routine confortable remplie de plaisirs à courte durée. Il y a quelques mois, j'ai décidé de tout changer à partir du jour de mon anniversaire. Le jour que je déteste le plus au monde deviendra celui qui changera ma vie. > [[J'envoie un message à Alex, en espérant que cette fois-ci j'ai une réponse.->Alex]] > [[J'ouvre mon application de messages, espérant avoir une notification.->Message]] (set: $fierce to it + 2) (goto: "Outside")(set: $sweet to it + 2) (goto: "Outside")(if: (history:) contains "Alex")["Salut !"... Non. "Hey ! Comment tu vas ?"... Non plus. Qu'est-ce que je pourrais lui envoyer comme ça, un vendredi matin à 8h30 ? Je n'ai rien besoin de savoir, je n'ai rien à raconter. J'espère simplement recevoir un message de sa part, sentir que quelqu'un m'apprécie. Est-ce qu'il y a un certain sujet qui l'intéresserait ? Quelque chose qu'on aurait partagé ensemble ? Est-ce que je devrais vraiment lui envoyer un message ...? Je ferme l'application. Mieux vaut se taire que de dire une bêtise.] (if: (history:) contains "Message")[Je mange tranquillement mes céréales avec une cuillère un peu trop grande. Comme d'habitude, je n'ai reçu aucun message. Pas même un SMS inutile de mon opérateur qui me propose leurs nouvelles offres mobiles. Rien. J'aurais bien dit que j'y suis habitué, mais je ne peux m'empêcher d'avoir une petite once d'espoir à chaque fois que je déverrouille le téléphone. Je ferme l'application. Je ne devrais même pas regarder.] Je soupire en terminant mon petit-déjeuner. Ça ne sert à rien de traîner si c'est pour que je rumine et que je finisse par me déprimer tout seul. Je me brosse les dents rapidement, enfile mes chaussures et mon manteau. Mes clés dans la poche gauche, mon porte-feuille et mon téléphone dans la poche droite. Je suis prêt. La porte se claque derrière moi et je ferme à double tour. La rue en bas de chez moi est calme, comme d'habitude. Mis à part le cri lointain des enfants qui entrent à l'école, il n'y a que très peu de bruit. J'écoute le son répétitif de mes pas sur les trottoirs parisiens, tout en observant les quelques passants que je croise. Les températures commencent à baisser, et certains multiplient les couches de vêtements. D'autres préfèrent mettre un gros manteau, ou une grande écharpe. Parfois, une personne n'aura qu'une légère veste en jean sur elle, sans pourtant sembler avoir froid. J'arrive enfin à la station de métro. Je descends les escaliers, traverse les portillons et patiente en attendant le prochain train. > [[J'observe la publicité en face de moi.->Pub]] > [[Je me tourne vers un tag, tentant d'en déchiffrer les lettres.->Tag]](set: $fierce to it + 2) (goto: "Metro")(set: $sweet to it + 2) (goto: "Metro")(if: (history:) contains "Pub")[Pile en face de l'endroit où je me suis installé, une publicité aux couleurs vives et étranges attire mon regard. Je ne saurais dire quel produit ils tentent de vendre, mais il s'agit d'une grande illustration d'un oeil entouré de roses violettes et oranges. Un texte sans charme indique qu'il s'agit d'une invitation à un certain endroit, peut-être une exposition d'artistes. Cependant, je n'ai pas le temps de me questionner plus sur cette affiche, j'entends le grondement du métro qui approche.] (if: (history:) contains "Tag")[Derrière moi se trouve un tag, placé étrangement haut. J'arrive à distinguer quelques lettres, sans vraiment en comprendre la signification. J'imagine qu'il s'agit d'une signature, un tag fait pour marquer le territoire ? J'ai toujours trouvé ça plutôt fascinant, sans vraiment chercher à me renseigner plus que ça. Celui-ci était assez élaboré, avec des contours colorés et une sorte de dégradé de rouge vers le bleu. Rien d'extraordinaire, mais j'apprécie l'effort qui y a été mis. Puis, je n'ai pas la moindre idée de comment un tel tag a pu être fait à une telle hauteur. Il n'y a aucun moyen d'escalader le mur lisse, et aucun objet déplaçable ne semble pouvoir l'atteindre. Peut-être que son auteur a dû se tenir en équilibre sur les épaules de quelqu'un d'autre, debout. Peut-être qu'il s'agit d'un alien géant amateur de street art. Mon questionnement est alors interrompu par le grondement du métro qui approche.] Je me recule de quelques pas tandis que le train arrive. À mon grand étonnement, il est totalement vide. Je ne suis peut-être pas souvent sorti de mon quartier, mais d'expérience il me semble que le métro est souvent bien plus rempli le vendredi matin à neuf heures. Je m'installe au premier strapontin venu. Quatre arrêts avant le premier changement. Je tente d'observer par la fenêtre, mais je ne suis accueilli que par l'obscurité des tunnels du métro de Paris. Détesté pour son bruit, ses odeurs, ses couloirs, son inconfort, je ne peux m'empêcher de l'aimer un petit peu. > [[Je tourne la tête et observe mon reflet.->Miroir]] > [[Je regarde les sièges vides devant moi.->Siège]](set: $fierce to it + 4) (goto: "Wagon")(set: $sweet to it + 4) (goto: "Wagon")(if: (history:) contains "Miroir")[Je croise mon propre regard dans une vitre adjacente. Des cernes sous les yeux et un regard las, j'ai l'air de n'avoir jamais connu le sommeil. Je suis sûr que même les jours où je dors paisiblement plus de dix heures j'ai toujours cet aspect mou, faible et fatigué. J'essaie de me tenir droit et d'ouvrir les yeux plus grands, puis j'arrange tant bien que mal les quelques bouclettes qui tombent devant mon visage. Est-ce que c'est vraiment à ça que je ressemble tous les jours ? Est-ce vraiment mon propre regard que je croise ? Dans la vitre du métro, dans le miroir de la salle de bain, dans le reflet de mon téléphone, sur chaque photo de moi, je vois toujours une personne différente. Pourtant les autres ne changent jamais. Je quitte la vitre du regard et observe mes mains. Elles, au moins, je suis sûr qu'elles m'appartiennent.] (if: (history:) contains "Siège")[Toujours intrigué par le fait d'être totalement seul dans ce wagon, j'observe les nombreux sièges vides devant moi. Usés par le temps, on ne distingue presque plus leurs petits motifs colorés sur fond bleu. Je me demande combien de personnes ont pu s'asseoir sur ces sièges. Quelles aventures ont bien pu commencer à cet endroit, combien s'y sont terminé. Je ne peux m'empêcher d'imaginer des couples heureux, des vieilles dames tristes, des enfants bruyants ou des adolescents perdus. Tout est vide aujourd'hui, mais combien de fois les gens se sont débattus pour réussir à sortir du train bondé ? Combien de sacs, de clés, de porte-feuilles ont été oubliés, perdus, volés ? Combien de personnes se sont croisés pour la seconde fois, combien ont croisé un ami, combien ont prié pour qu'on ne les reconnaisse pas ? Quelles sont les chances pour que je sois déjà venu dans ce même wagon un autre jour ?] Quatre arrêts sont passés. Je me lève et quitte le wagon. Plusieurs personnes attendaient sur le quai et entrent dans le train que je viens de quitter. Je marche à travers les couloirs, guidé par la routine. J'avais l'habitude de prendre ce chemin il y a quelques années, mes jambes n'ont jamais oublié les directions à prendre. Je pourrais presque naviguer les yeux fermés si j'étais seul. Je descends les escalators à toute vitesse, dépassant les quelques gens stationnés sur la droite. Je tourne sur ma droite, et me voilà arrivé sur le quai d'un autre train, bien plus large. Cette fois-ci, une poignée de gens patientent avec moi. > [[Je marche vers la tête du train. ->Tête]] > [[Je marche vers la queue du train. ->Queue]](set: $fierce to it + 2) (goto: "RER")(set: $sweet to it + 2) (goto: "RER")(if: (history:) contains "Tête")[Je me dirige vers l'avant du quai.] (if: (history:) contains "Queue")[Je me dirige vers l'arrière du quai.] J'entends un grondement familier au loin. Le train arrive à toute vitesse, puis ralentit avant que les portes ne s'ouvrent. J'entre, il est dix heures et quart. Dernière ligne droite. Je ne peux m'empêcher de penser à Alex et aux fois où nous avons fait ce chemin ensemble. Je me souviens des fois où l'on s'est croisé par hasard, et des fois où j'ai attendu le train suivant pour être sûr de se croiser. Je me souviens des quelques discussions où j'apprenais à connaître sa vie, ses passions, ses objectifs dans la vie, ce qui l'énervait à propos de notre école, ce qui l'intriguait sur les gens de notre classe. Ses tics de langage, sa façon de s'asseoir, sa manie de toujours étaler ses jambes jusqu'aux sièges en face. Je repense aux moments où l'on parlait sans s'arrêter, et aux moments où l'on ne se disait pas un mot. J'inspire profondément. Lorsque j'aurai passé cet entretien d'embauche, je lui enverrai un message. "Hey ! Je viens de passer l'entretien d'embauche dont je t'ai parlé il y a quelques jours." Je pose mon téléphone sur mes genoux et observe la diode lumineuse qui clignote. Au vu de la couleur, ce n'est certainement pas un message d'Alex. Malgré cela, je déverrouille quand même le téléphone avec un peu d'espoir. Laura me souhaite un joyeux anniversaire. En pièce jointe, un petit dessin de moi avec une couronne sur la tête et des étoiles qui brillent autour. J'ai toujours été reconnaissant d'avoir Laura dans ma vie. Notre amitié n'a jamais été très profonde ni intense, mais elle est agréable de compagnie et avoir quelqu'un de ma classe à qui je peux envoyer un message sans être paralysé de peur m'a sans doute sauvé la vie plus d'une fois. J'ai longtemps cru qu'elle restait avec moi par pitié, mais maintenant que l'école est finie je vois bien qu'elle a fini par vraiment me considérer comme un ami. Je regarde le paysage défiler par la fenêtre. Naturellement, je préfère de loin ces trains qui partent en extérieur à ceux qui restent dans des tunnels. De grands immeubles aux fenêtres teintées reflètent les wagons qui défilent. Je plisse des yeux pour tenter de distinguer ma silhouette, sans succès. J'enregistre le dessin que m'a fait Laura dans mon téléphone, puis la remercie. > [[J'espère qu'elle me considère vraiment comme son ami.->Friend]] > [[J'aurais aimé être aussi proche d'Alex que d'elle.->Jealous]](set: $sweet to it + 4) (goto: "Vraiment")(set: $fierce to it + 4) (goto: "Vraiment")(if: (history:) contains "Friend")[> [[Je ne veux pas savoir ce qu'elle pense réellement de moi, je préfère imaginer qu'elle me considère comme un ami.->Best Friend]] > [[J'ai peur d'être insignifiant à ses yeux, alors que sans elle j'aurais été misérable.->Scared]]] (if: (history:) contains "Jealous")[> [[Peut-être qu'un jour j'aurai de la valeur. Peut-être qu'un jour je ne serai plus "un mec sans personnalité" aux yeux d'Alex.->Valeur]] > [[J'aurais aimé parler aussi facilement avec Alex qu'avec Laura. J'aurais aimé qu'Alex s'intéresse à moi et voit réellement qui je suis.->Visible]]](set: $sweet to it + 6) (goto: "Pont")(set: $sweet to it + 3) (goto: "Pont")(set: $fierce to it + 6) (goto: "Pont")(set: $fierce to it + 3) (goto: "Pont")Le train ralentit. Je reviens à la réalité et m'étire rapidement avant de me lever. Les portes s'ouvrent sur un quai en extérieur, vide. Il est bientôt onze heures moins le quart, j'ai plus d'une heure d'avance. Je traverse la gare jusqu'à la sortie. Je marche quelques instants le long du chemin vers mon ancienne école, en observant les petits détails qui ont changé depuis la dernière fois que je suis venu. Il y a des échaffaudages sur ce bâtiment là. Les arbres qui se trouvaient là ont été abattus. De nouvelles fleurs ont été plantées par là-bas. Cependant, il y a bien une chose qui n'a absolument pas changé depuis la toute première fois où j'ai longé cette route. Le pont. Il s'agit d'un grand pont en pierre très peu remarquable, où la signalisation est douteuse et où les voitures ne passent que très rarement. Un autre pont un peu plus loin était bien plus large, et se rapprochait de plusieurs grandes rues, rendant celui-ci plutôt inutile. Tout y semble extrêmement bruyant, et il se trouve suffisamment haut par rapport au niveau de l'eau pour donner le vertige. Ce pont n'a rien de spécial, il ne s'y est jamais rien passé et il ne s'y passera sans doute jamais rien. Je ne sais donc pas pour quelle raison, mais je l'ai toujours trouvé fascinant. Il m'arrivait de m'arrêter un instant afin de regarder l'horizon, ou encore de scruter quelques canards qui venaient nager dans l'eau. Je suppose que le calme de l'endroit me rappelait ma propre situation. Je m'arrête vers le milieu du pont et regarde les nombreux bâtiments sur les quais. Dans chaque petite fenêtre se trouve sans doute des tas de petits gens qui s'occupent de leurs propres petites affaires. De cet endroit si calme, je suis témoin de tant de choses. On compare souvent les personnes à de petites fourmis, mais cela me fait plutôt penser à des petites figurines en plastique. Chacun a son petit rôle dans un grand jeu. [[Je me demande quel est- ->Mon rôle]](if: $fierce>=$sweet)[Je referme le journal. Il reste quelques pages blanches, mais l'auteur semble ne pas avoir pu terminer d'écrire ce qu'il voulait. Les derniers mots ne semblent pas avoir été écrits plus vite... Mince. Je m'imaginais déjà dans un scénario incroyable, où je suis un détective qui enquête sur un journal trouvé au bord d'un pont... Je n'ai aucune idée d'à qui appartient ce carnet. Je marchais tranquillement afin d'aller faire quelques amplettes et en passant par le pont je suis tombé sur ce trésor. Il y avait même le stylo qui a servi à écrire ce qu'il y a à l'intérieur. Ha ! J'ai toujours rêvé de trouver l'histoire de quelqu'un comme ça. Il avait l'air d'être quelqu'un d'un petit peu triste cependant. Et sa vie n'avait pas l'air passionnante. Pas d'enfance tragique ou de romance incroyable... Juste quelqu'un de seul et amoureux. Il y a quand même quelque chose de beau là-dedans, je suis sûr qu'un grand auteur pourrait en faire un roman intéressant. Les banalités de la vie, vivre seul dans une grande ville, les histoires d'amour à sens unique, tout ça... J'aurais bien aimé écrire, moi. Raconter des histoires de pirate et de bateaux et de guerriers et d'homme-poissons. Avec des bestioles gigantesques qui attaquent les bateaux et des batailles et de la violence !! Ah ! Malheureusement je ne suis absolument pas fait pour l'écriture. Ni le dessin. Ni quoique ce soit de créatif. J'ai juste de très bonnes idées qui me viennent parfois. Ah... Mais le bonhomme dans le journal avait l'air de quelqu'un d'intéressant. Enfin. Pas vraiment intéressant, mais je suis sûr qu'il aurait fait de grandes choses comme écrire un livre ou faire un film. Je ne sais pas si ce sont vraiment de grandes choses mais c'est plutôt pas mal, je dirais. Même écrire ce journal me semble plutôt pas mal comparé à ce que j'ai pu faire récemment. HA ! J'ai construit une table l'autre jour. C'est important d'être fier de soi, je pense. Le petit gars n'avait pas l'air d'être très fier de lui. Si je le croise je lui dirai de reprendre un bon coup de confiance en lui. Tout le monde peut tout faire ! Eh oui ! Il suffit juste de s'y mettre. J'espère qu'il est bien allé à son entretien d'embauche et qu'il a eu le job. Ou alors qu'il ne l'a pas eu mais qu'il a trouvé une meilleure idée. Je ne sais pas. J'espère que tout va bien pour lui. Ou pas. Je n'en ai pas grand chose à faire, je ne le connais pas. Son Alex là, je-ne-sais-quoi, il faudrait peut-être qu'il lui envoie son foutu message. Eh, qui ne tente rien n'a rien. Je suis sûr qu'Alex ne va pas se dire OUAH ! Quel gars chelou de m'avoir envoyé un message tout à fait normal. Enfin. Ça ne me regarde pas. Je vais juste reposer ce journal ici, là où il était. Je n'avais jamais pensé à regarder autant autour de moi avant. Peut-être que je devrais faire un peu plus attention à ce qui m'entoure. Mmmh. Je m'accoude au muret du pont. C'est vrai que c'est agréablement calme ici.] (if: $sweet>$fierce)[Je referme le journal. Il n'y a plus aucun mot après ces dernières paroles. Je... ne comprends pas. Je ne comprends absolument pas. Je me frotte le visage aussi fort que possible... J'espère qu'il ne lui ai rien arrivé. Vraiment. Vraiment. Après lui avoir souhaité son anniversaire et envoyé le petit dessin, je me suis rappelée qu'il avait un entretien d'embauche dans la journée. Je me rappelle qu'il devait aller dans un bâtiment très proche de notre école, et étant donné que j'habite encore juste à côté je me suis dit que j'allais lui faire la surprise et venir le voir après son entretien. Il me semble... Il me semble que le rendez-vous était vers midi. Donc, pour être sûre de ne pas le rater, je suis partie dès douze heures pétantes de chez moi. Quatre minutes de marche et j'étais devant l'immeuble. J'ai attendu... attendu une bonne demie heure dans le froid, sans aucune nouvelle. Je me suis demandée s'il était déjà parti... Si je l'avais raté... S'il avait abandonné ? Je ne voulais pas lui révéler la surprise tout de suite, alors je lui ai simplement demandé si ça s'était bien passé. Pas de réponse... Pas de réponse... Lui qui avait l'habitude de me répondre toujours très vite, je me suis un peu inquiétée. Mais au bout d'un seul message sans réponse ? Je ne me suis pas posée plus de questions que ça. Deux messages ? Cinq ? Au bout de six messages et quarante minutes sans nouvelles, je m'inquiétais vraiment sérieusement. Je mets mes mains autour de ma bouche et respire profondément. Ffffhhhhh... Il a peut-être perdu son téléphone ? Il est peut-être encore chez lui, et il ne s'est pas réveillé ? J'imagine tous les scénarios possibles et commence à stresser un peu trop fort. Je ne sais pas s'il a d'autres amis, je ne connais pas le numéro de ses parents, alors je décide de faire le chemin inverse et de me diriger vers son appartement en plein Paris. Je cours vers la gare, je traverse le pont et... je tombe sur son journal. Je ne savais pas qu'il écrivait. Je ne savais pas qu'il était si sensible au monde qui l'entoure. Je m'inquiète encore, encore. Est-ce qu'il lui est arrivé quelque chose ? J'ai toujours suivi les règles, toujours fait ce qu'on me demandait. J'ai toujours été suffisamment sociable, suffisamment transparente pour m'entendre avec n'importe qui. Lorsque je l'ai vu pour la première fois, j'ai tout de suite vu qu'il était... unique. Unique. Il n'y avait pas deux personnes comme lui, et il avait sans doute des choses intéressantes à raconter. J'ai ressenti son besoin de s'exprimer, et je suis allée vers lui. À l'école, tout le monde était un mélange de tas de choses que je connaissais déjà. Chaque personne était d'un ennui immense, et jamais personne n'avait de choses surprenantes à raconter. Mais lui... j'avais le sentiment qu'il avait une perspective différente sur la vie. Au final, il ne m'a jamais raconté quoique ce soit d'incroyable ou de nouveau, mais sa façon de voir les choses était toujours différente de la mienne. Je pose le journal sur le muret qui sépare le pont du vide et regarde quelques mètres plus bas. Le courant est étrangement calme aujourd'hui. Quelques canards se posent sur l'eau, puis se mettent à doucement nager vers l'avant. Bientôt, ils passent par-dessous le pont, et je ne les vois plus. Je pose les coudes sur le rebord, puis cale ma tête dans le creux de mes mains. Tout est si calme.]