Ce twine est le récit de comment j'ai eu mes règles, été malmenée par des médecins, et découvert que je souffrais du syndrôme des ovaires polykystiques. A chaque fois qu'un morceau de texte apparaît en surbrillance, tu peux cliquer dessus pour suivre un bout du récit. A tout moment, tu peux revenir en arrière en utilisant les flèches
Si tu veux en parler je suis sur twitter: @zorakillerqueen
C'est parti!
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Réveil. Ma chambre, mes posters aux murs me regardent, je me sens un peu lourde ce matin.
J'ai bientôt 11 ans, j'ai mal dormi, j'ai mal au ventre.
Je m'y attendais depuis un moment, j'avais tout prévu.
J'AI MES RÈGLES!
[[Aller voir ma mère|mère]]
[[Appeler une copine|copine]]
[[Garder ça pour moi|seule]]
C'est mon premier rélfexe, mais probablement pas le plus malin.
J'ai besoin d'être rassurée, mais ça ne sera pas le cas.
La voilà qui s'agite dans tous les sens, elle prend le téléphone et annonce la nouvelle à la terre entière.
Maintenant j'ai mal au ventre et j'ai honte...
[[Je vais me débrouiller seule|seule]]Oui, c'est une bonne idée, ça.
Je décroche discrètement le téléphone sans fil de sa base et je retourne dans ma chambre.
J'ai envie de dire quoi en fait? Elle décroche.
- Salut, ça va?
- Ouais, j'ai un truc à te dire!
- Dis moi...
- J'ai mes règles!
- Ah mais dégueu pourquoi tu me racontes ça?!
- Euh... Désolée
- Bon à plus
- Euh... ok
Je comprends que c'est un sujet à ajouter à la liste des trucs "dont on ne parle pas si on est une fille bien"...
[[Je vais me débrouiller seule...|seule]]Et ça sera pas plus mal.
J'avais pris le temps de me renseigner avant. J'aime bien tout comprendre et me débrouiller, ça m'évite d'avoir la trouille. Je suis experte en serviettes et tampons depuis que j'ai compris que mes règles allaient venir un jour.
[[Aller à la salle de bains]]Je me débrouille avec de que j'avais prévu. J'examine un peu les trucs de ma mère. Je découvre des tampons king size un peu effrayants pour la gosse que je suis encore.
Ça va être comme ça tous les mois, à ce qu'on m'a dit.
Pour moi ça sera finalement pas si souvent, plutôt tous les 40 jours, quelques gouttes, pendant très peu de temps, et ça me va très très bien comme ça. Mes seins ne poussent pas trop, ça me va aussi, mais ça me fait un peu complexer. Au collège tout le monde semble ne parler que de ça, mais jamais entre meufs. C'est les mecs qui commentent. J'ai pas tellement de formes, mais ça va puisque de toute façon je porte des sweat amples et des salopettes, et surtout, je voudrais qu'on me foute la paix. Le collège se passe, le lycée arrive (ouf, plus personne ne se regarde vraiment, on peut rester tranquille). J'ai envie de [[grandir]].Ma mère commence à être super chiante: elle veut que je prenne la pilule.
Est-ce que c'est qu'elle a la trouille? Ou une manière détournée de savoir ce que je fais de mon cul? Finalement, je finis par me dire que ça me serait utile pour être tranquille...
Mais du coup il va falloir... [[aller chez la gynéco.]]Ça m'enchante pas des masses, ce rendez-vous...
(si vous cliquez sur chaque propos offensant de ce médecin, vous aurez accès à mes réactions internes, ce qu'on n'ose pas dire à 16 ans face à l'autorité médicale)
(link:"Vous êtes vierge?")[(euh, bonjour)]
(link:"Allez, en piste!")[(je suis un spectacle?!)]
(link:"Ah, faites pas la prude, j'en ai déjà vu d'autres!")[(euh, moi pas, alors lache moi la culotte)]
(link:"Allez, vous pouvez garder vos chaussettes *wink wink*")[(la chance...)]
(link:"Ah vous êtes poilue vous...")[(sans blague, j'étais pas au courant)]
(link:"Vous mangez beaucoup? Vous faites du sport? Il va falloir perdre du poids!")[(j'ai des TCA depuis longtemps, tu m'aides beaucoup, merci connasse)]
Examen gynéco, palpation des seins, elle remarque mon acné bien vener, BEURK, elle retourne à son bureau et me laisse comme une idiote à poil et chaussettes sur la table d'examen. J'en déduis que je me rhabille. C'est génial ces histoires d'utérus, c'est comme si à chaque étape il fallait un truc pour se taper la honte. Et surtout: personne n'en parle vraiment, enfin jamais pour dire des trucs qui m'intéressent...
Elle me fait une petite leçon de morale sur les relations sexuelles à base de coït (ah oui, parce que, voyez vous, tous les médecins que je vais rencontrer vont supposer que je suis hétéro), me prescrit un truc, me dit que ça me débarrasera de ma vilaine peau, s'assure que je ne fume pas, mais je sais pas pourquoi il ne faut pas fumer avec la pilule en fait...
J'ai pas encore internet, et ça changera TOUT, mais ça je ne le sais pas encore.
J'ai juste la notice des cachets pour m'aiguiller et là c'est le festival des effets secondaires qui m'effraie. Je risque à peu près tout en avalant ces machins.
Je lui précise que j'ai drôlement mal au ventre quand j'ai mes règles et que c'est franchement pas cool. Elle me regarde l'air amusée: "bah oui, les règles c'est douloureux!"
Hum ok... COOL :-(
Je ferai donc en sorte de n'y aller que lorsque je n'aurai pas le choix, parce que ça m'a bien dégoutée...
Me voici en route vers [[les joies de la contraception]]!
J'ai pris 10 kilos que je n'arrive pas à perdre depuis que je prends la pilule.
Avec les TCA, mon poids a toujours été instable et peu maîtrisable, mais ça devient chiant, j'ai du changer toutes mes fringues, et mes seins se sont décidés à pousser un peu (YAY, à moi le bonnet B!) Je suis devenue une reine de l'épilation, et vaut mieux, puisque j'ai des poils jusqu'au nombril, entre les seins un peu aussi. Je ne sais pas si ça me plait ou me déplait d'ailleurs, mais je vois bien que ça ne plait pas autour... Alors hop! Épilation, rasage...
J'ai mes règles tous les 21 jours, c'est incroyablement précis. J'ai moins de boutons. J'ai toujours mal au ventre, ça me prend par moments, un peu n'importe quand, je me plie en deux et ça s'arrête. La gynéco s'était foutue de ma gueule, je me dis que c'est normal.
J'entre en fac, et j'ai toujours un sentiment de fatigue intense, que je mets sur le compte du boulot que j'ai à fournir. Mes jambes me font très mal. Ça tire, ça lance, ça gonfle, ça fait comme des aiguilles à certains endroits. J'ai des fourmis tout le temps. Je supporte pas la chaleur, mais alors pas du tout!
Il va falloir [[aller chez le médecin]] je crois /o\Aller chez le médecin c'est toujours la loterie...
Et ça sera toujours à peu près comme ça:
Selon qui j'ai face à moi, j'ai droit à:
[[Perdez du poids d'abord!]]
[[C'est psychologique ça!]]
[[Ou, miracle, une personne à l'écoute]]FAIL!
Bah oui, je suis grosse, c'est un très vilain défaut.
Et je suis conne en plus, parce qu'apparemment je fais rien pour améliorer ma condition. Quoi que je dise, quoi que je fasse, je dois être un peu menteuse, parce que les médecins, ILS SAVENT, et moi, je fais rien qu'à faire l'emmerdeuse avec mes questions. En vrai, je m'empiffre dans leur dos, ils le savent hein, parce que leur méthode est infaillible:
PETIT DEJEUNER
2 biscottes et un peu de beurre
1 boisson chaude sans sucre
1 fruit
DEJEUNER
viande maigre ou du poisson (surtout, ne dis pas que t'es végétarienne, tu vas te faire engueuler)
1 petite portion de féculents
1 profusion de légumes
1 yaourt
1 fruit
COLLATION
une biscotte (purée mais c'est dégueulasse j'en peux plus de tes biscottes!)
1 fruit
DINER
1 viande maigre ou un poisson
1 profusion de légumes
1 yaourt
1 fruit
Passé l'aspect réjouissant de cette alimentation, surtout, ÇA MARCHE PAS!
Je maigris pas, ça m'angoisse, les TCA se déchaînent, le médecin est pas content.
Je fais pas d'efforts quand même...
Lassée au bout de quelques rendez-vous maltraitants, [[je vais aller trouver quelqu'un d'autre...|Ou, miracle, une personne à l'écoute]]Ah... Vous ressentez ça?
Hum... Non, rien qui me parle là dedans, mais moi les bonnes femmes, je connais...
C'est... psychologique!
Salut, déso, je peux rien pour vous...
Non seulement c'est culpabilisant, mais en plus j'ai toujours mal.
Je chiale un coup, puis je me décide: [[je vais aller trouver quelqu'un d'autre...|Ou, miracle, une personne à l'écoute]]Eh oui, des fois, on rencontre quelqu'un qui est à l'écoute!
Dans ces moments la, je suis partagée entre l'intense soulagement et la rage: pourquoi ces médecins la sont-ils l'exception, en fait?!
Bon, au moins, cette fois, on va me [[soigner]]...Je suis accueillie avec respect, la personne qui me reçoit m'écoute et prend en compte ce qui ne va pas, elle me questionne, m'examine en m'expliquant ce qu'elle va me faire et ce qu'elle recherche, elle répond à mes questions, prend son temps et me demande toujours si j'ai besoin de plus d'explications. Elle finit par trouver la cause de ma souffrance et me prescrit ce dont j'ai besoin.
Je souffle un peu, ça va mieux.
[[Je continue ma vie, tranquille.]]
Que ce soit pour mes jambes, ou pour avoir une contraception adaptée à mes besoins, au lieu d'un truc standardisé qui ne me convient pas, les symptômes sont vites réglés, une fois le problème ciblé.
Je fais ma vie, je décide d'arrêter la pilule, et là MIRACLE:
Je vais mieux.
Genre, d'un coup: plus de problèmes de circulation, plus de fatigue...
Et grand retour des boutons.
J'ai juste toujours ces sales douleurs inexpliquées, mais bon, c'est psychologique, il parait...
Eh bah... on va dire que [[ça me va.]]J'ai vieilli, j'ai fini mes études, je bosse, je vis en couple avec ma copine.
Je travaille loin, beaucoup, pour pas grand chose, mais mon métier me plaît. Entre temps j'ai découvert le féminisme et c'est COOL.
Je me suis débrouillée pour avoir un médecin pas trop con qui m'a appris à m'auto-palper les seins, j'ai un DIU au cuivre. Je pense que j'aurai un jour des enfants, mais c'est pas pour tout de suite
Et puis [[un été...]]J'ai passé de bonnes vacances, je me sens hyper bien et reposée. J'ai beaucoup d'énergie ces derniers temps, et une libido forte comme jamais! Je me sens par contre beaucoup plus agressive pour un rien aussi. J'ai quelques poils au menton, c'est pas cool, je deviens une pro de la pince à épiler. Je me dis que je change...
Je passe la main dans mes cheveux et...
OH...! OH MERDE!
Des poignées de cheveux partent. Que se passe-t-il? Je suis hyper stressée d'un coup, je ne comprends pas ce qui se passe. Je rationnalise, je psychologise, je veux COMPRENDRE. Le retour des vacances est peut être difficile, j'ai eu un coup de stress peut être, c'est sûrement rien.
Les semaines passent, ma chevelure s'affine. Je suis désespérée, je rêve souvent que je vais devenir chauve.
---> à chaque étape, clique pour dérouler:
(link:"Un mois passe, je vais chez le médecin.")[Un mois passe, je vais chez le médecin.
Le médecin me dit que j'ai peut être attrapé la teigne.
La teigne? Mais comment c'est possible? C'est même pas les poux, c'est une maladie de peau qu'on attrape quand on vit dans l'insalubrité. Ce n'est pas le cas, mais ça ne semble pas déranger le médecin: il a trouvé un mot, il me prescrit un anti quelque chose très fort et me demande d'aller faire un prélèvement de cheveux.
Au labo on m'arrache donc quelques cheveux sans conviction. Entre temps je commence le traitement qui me donne envie de vomir. Le résultat revient négatif.]
Je perds toujours des tas de cheveux, j'en sème partout et c'est pas fini...
(link:"Je retourne chez le médecin quelques semaines plus tard.")[Je retourne chez le médecin quelques semaines plus tard.
"Ah c'est pas ça? Arrêtez le traitement contre la teigne, c'est un truc fort quand même! Et allez voir un dermatologue!"]
Mon crâne commence à se dégarnir, je vois un début de calvitie et c'est pas fini...
(link:"Je vois le dermatologue après trois mois d'attente.")[Je vois le dermatologue après trois mois d'attente.
Il ne m'examine pas. Il me dit "oh, c'est le stress ça!"
Je m'effondre en larmes. Lui me dit, ah bah voilà:
(link:"c'est bien ça!")[c'est bien ça!
(mais non espèce d'imbécile! je pleure parce que j'ai compris que toi non plus tu ne pouvais rien pour moi!)]
Il décide finalement que le sterilet au cuivre me fait trop saigner et m'a carencée en fer, et que c'est la cause de ma chute de cheveux. Je dois prendre du fer, et soigner cette vilaine peau, au passage. Il ne me prescrit pas de prise de sang, il est sûr de lui... Je commence un traitement de fer et je vais voir la gynéco.]
J'apprends à nouer des foulards parce que j'ai trop honte de sortir avec des trous sur la tête... ET C'EST TOUJOURS PAS FINI...
(link:"Je vois la gynéco en urgence")[Je vois la gynéco en urgence.
Elle me retire mon stérilet, un peu sceptique quant à l'utilité de la démarche. Elle me regarde et me dit qu'elle est surpise de voir tous ces poils sur mon corps. Je m'y suis habituée, je ne fais plus attention. Elle réfléchit un peu et me demande: "On a dosé vos hormones?"]
En fait, ce n'est que [[le début. ]]Le dosage hormonal peut se résumer comme ça:
(Clique pour les résultats et mes commentaires tmtc)
(link:"Testostérone")[Testostérone: BEAUCOUP TROP]
(link:"Oestrogènes")[Oestrogènes: C'est trop faible]
(link:"LH et FSH")[LH et FSH: Vos taux sont vraiment bizarres]
(link:"Hormone Thyrroïdienne")[Hormone Thyrroïdienne: RAS]
(link:"Cortisol")[Cortisol: Chelou -_-]
Ce bilan intéresse beaucoup ma gynéco, elle ne m'explique rien, elle a l'air soucieuse et pressée. Elle me prescrit des examens, ça me fait flipper de pas avoir d'infos!
Alors, je m'en remets à wikipedia. Et je ne m'attarde que sur les pires pronostics, parce que je me sens malade et j'ai l'impression que personne ne sait ce qui m'arrive! Mais mes recherhes m'aident à remonter le fil de pensée de mon médecin:
(link:"Faire pratiquer une échographie du petit bassin")[Faire pratiquer une échographie du petit bassin
J'ai un cancer gynéco! Ma grand-mère en est morte, c'est foutu!]
Ce que le médecin recherche en fait: Un syndrôme ovarien ou une intersexuation. Ce qui expliquerait mon hyperandrogénie (vous savez, pas de seins, pas de formes, des poils partout, et la calvitie...)
(link:"Faire pratiquer une IRM des glandes surrénales")[Faire pratiquer une IRM des glandes surrénales
Mais qu'est-ce que c'est, cet examen? Je ne connais personne qui l'a eu, ça doit être du sérieux... J'ai sûrement un cancer!]
Ce que le médecin recherche en fait: Un cancer des glandes surrénales qui explique la surproduction de testostérone et le cortisol bizarre.
MERCI INTERNET
En route pour les [[examens invasifs.]]Les examens médicaux, ça se passera à l'hôpital pour moi.
L'hôpital:
- ce lieu où passé quelques minutes, je deviens un numéro.
- ce lieu où la vie privée n'a pas de sens.
- ce lieu où les gens ont l'air plus fatigués et à cran que moi, donc je fais profil bas.
(Clique pour dérouler le récit merveilleux de ces doux moments /o\ )
(link:"L'échographie, j'étais vraiment pas prête...")[L'échographie, j'étais vraiment pas prête... On m'a demandé de boire beaucoup sans faire pipi, j'arrive la vessie à bloc, et pas de bol, il faudra attendre une heure. Merci ma 3DS, merci ma cartouche de Zelda, j'oublie ma vessie, mais on m'oublie dans la salle d'attente.]
(link:"Bon, je m'impatiente, je vais aller demander")[Bon, je m'impatiente, je vais aller demander "Ah oui, le médecin arrive"]
Je suis finalement hélée par une nana pas sympathique et visiblement épuisée, suivi d'un jeune mec en blouse blanche. Elle me fait entrer dans la salle d'écho, elle me regarde pas, elle me parle pas, je pourrais être un meuble.
Lui est tout gêné, il s'approche pour me dire qu'il est interne et qu'il et là pour apprendre.
Elle s'approche et me dit de m'installer, elle a pas fermé la porte qui donne sur la salle d'attente.
(Euh...? Je me dessappe devant la Terre entière?)
Et elle me demande: "VOUS ÊTES VIERGE?"
(bien fort, je crois que toute la salle d'attente pourrait prendre des paris en attendant ma réponse....)
*L'interne ferme la porte.*
(Merci)
Répondre "non" à cette question me vaudra l'examen gynéco le plus agressif et désagréable de ma vie:
Elle me prévient pas, elle me colle un gode dans la chatte.
Enfin moi, j'appelle ça comme ça, mais c'est une sonde endovaginale.
Ma vessie va exploser, j'ai envie de hurler, de pleurer, de partir, et l'interne à côté regarde attentivement l'écran.
Et là, j'entends la nana dire à l'interne:
"Pas de testicule"
(link:"(WHAAAAT?)")[(WHAAAAT?) Ah mais oui, elle recherche une intersexuation, merci wikipedia]
"Un utérus rétroversé, deux ovaires"
Puis:
"Oh la! T'en comptes combien toi?"
"Eh douze au moins non?"
"Regarde l'autre!"
"Ah ouais pareil"
(link:"Ça t'emmerderait de m'expliquer?")[Ça t'emmerderait de m'expliquer? Ça doit être les ovaires polykystiques?]
J'ai mal, elle farfouille dans tous les sens, je n'existe plus, je suis une image sur un écran.
Elle se casse, laisse la porte ouverte. L'interne me demande si ça va, j'ai pas envie de lui parler, je réponds que oui. Je demande où je peux enfin aller pisser, il m'indique des toilettes et referme la porte. J'ai du gel d'écho partout.
J'ai rien compris. Je veux dormir.
C'est parti pour [[l'IRM]]
Elle est cool, m'explique tout et me diagnostique donc un syndrôme des ovaires polykystiques. Elle m'explique qu'avec le traitrement qu'elle me prescrit, mes cheveux vont repousser, mes poils vont tomber... Elle me rassure sur mes possibilités de tomber enceinte, les possibilités de PMA et m'explique mon traitement: de l'androcur pour diminuer mon taux de testo et des oestrogènes en comprimés pour les augmenter.
Je la vois tous les mois et j'y vais sans boule au ventre.
Mes cheveux ne tombent plus et repoussent très vite, ma peau est ultra douce, j'ai plus de boutons (à 30 ans bientôt, c'est agréable)...
Ce traitement va me soulager de mes douleurs assez vite et au fil des rendez-vous je lui en parle enfin, me sentant un peu soutenue. Elle est visiblement embêtée pour moi, elle m'annonce qu'il est fort probable que des kystes aient pété régulièrement, me causant les douleurs atroces pour lesquelles on ne m'avait jamais prise au sérieux depuis mes 11 ans. Les kystes qui pètent, c'est comme si on te coupait le ventre en deux, t'as mal, tu te recroquevilles, et t'as l'impression de crever. Mais j'étais douillette il parait... Elle me dit qu'elle est surprise que je n'ai jamais été hospitalisée pour ça. J'ai envie de partir en mode Kill Bill avec la liste des médecins qui m'ont pas soulagée et pas prise au sérieux.
Elle me dit aussi que maigrir est une option à explorer pour réguler les taux hormonaux et me propose de l'aide pour ça. Mais genre, de la vraie aide, pas du jugement et des biscottes!
Le traitement hormonal a des aspects beaucoup plus négatifs aussi: j'ai plus de libido, mais genre plus rien. Je suis sèche de partout, PARTOUT /o\ Je me sens assez déprimée et fatiguée au fil des mois, je perds des muscles aussi, mais là, elle botte en touche et ne me propose rien de spécial. Elle me dit que c'est le traitement le plus adapté, qu'il est reconnu et puis ... c'est tout.
C'est donc à nouveau le moment d'aller [[sur les internets!]]Je découvre que je prends les mêmes hormones que des copines MtF et je me rends sur des sites et forums de meufs trans. Là je trouve enfin L'INFORMATION. Et je comprends les changements corporels qui sont en cours, sous l'influence des hormones. Parce qu'en fait des hormones y'en a pas 4000.
Oui parce que sur les forums et sites qui parlent du SOPK, c'est assez comique: TOI FÂÂÂME tu as été abimée dans ton estime de toi car ta FÉMINITÉ a été abimée par la terrible maladie masculinisante... Je découvre que la plupart des personnes atteintes découvrent leur SOPK parce qu'elles n'arrivent pas à tomber enceintes. Le parcours est souvent comme le mien: tu as mal, on s'en fout, tu as des taux hormonaux qui te font vivre des trucs désagréables on s'en fout... Tu peux pas pondre? Alerte générale, on prend ça au sérieux! Mais ça touche environ 1 femme / 10 hein... Et pourtant pas d'explication en vue, et pas tellement de recherche. Etonnant? (NON)
J'ai pris beaucoup, beaucoup de poitrine. C'est l'effet principal des oestrogènes - avec la peau de bébé -, mon corps n'est plus anguleux, il est fait de courbes désormais. Je vis ça comme une [[deuxième puberté, en fait. ]]Les hormones, ce truc incoryable!
Elles sont partout en nous et régissent énormément de choses. Au collège on t'apprend le cycle reproductif des humains et on te fait croire que c'est un truc cantonné à la sphère sexuée et sexuelle. Pourtant, appétit, sommeil, croissance, et j'en passe: c'est des hormones qui gèrent le bazar.
Oui, le bazar. C'est compliqué de changer d'environnement hormonal.
J'ai des sautes d'humeur que je ne perçois absolument pas, je suis psy, et je considère que j'ai à analyser ces sentiments. Sauf que je me rends compte peu à peu que c'est lors de la semaine d'arrêt des hormones que mon moral est au plus bas. A renfort de mood tracker, je confirme cette impression. Ca ne change pas mes moments de bad, mais maintenant je sais que c'est passager et hormonal.
Y'a aussi les effets assez vilains de la prise d'androcur: je ne régule plus ma température correctement. Mes collègues au boulot, qui ont l'âge d'être ma mère, se marrent: "elle est des notres, elle a ses bouffées de chaleur". Effectivement, je ressens les mêmes symptômes qu'une femme ménopausée: sans crier gare, je meurs de chaud, je transpire de ouf, et ça s'arrête. Je me réveille la nuit baignant dans ma sueur, je sers de radiateur à l'appartement. Je m'habille en couches, pour pouvoir vite en enlever quand ça vient.
Je suis fatiguéééééée!
Au bout de quelques années de ce traitement, avec un ajustement attentif par l'endrinologue, les effets secondaires se sont un peu tassés. J'ai découvert la [[dimension sociale]] des hormones peu à peu.(link:"L'IRM, ce truc de fan de spéléo...")[L'IRM, ce truc de fan de spéléo... Pour l'IRM, j'ai bien la trouille, j'ai compris qu'à la clé il y avait le cancer.
L'infirmière qui me pose le cathéter est sympa, elle me demande comment je me sens. Je sens que je peux lui parler, je lui dis que j'ai peur. Elle me fait un topo sur l'IRM, la claustrophobie.
Non, j'aime faire de la spéléo, ça m'inquiète pas.
J'ai peur d'avoir un cancer.
Elle m'écoute, je me sens comprise.
Finalement, c'est comme de la spéléo, et c'est cool bien que très bruyant.
Je suis bien dans ce tube, je m'endormirais presque.
L'examen terminé, je vois l'infirmière tirer le médecin par le bras.
Le médecin me dit: "Bon, je dois pas vous dire ça comme ça mais bon...
*il regarde l'infirmière qui se dégonfle pas*
Vos glandes surrénales vont très bien, c'est ce que vous lirez dans mon compte -rendu, passez le chercher la semaine prochaine."
Je suis légère, je pourrais m'envoler sur le parking, j'ai pas de cancer!]
La gynéco est confortée dans ses recherches, elle pense qu'il faut que je rencontre [[un endocrinologue.]]J'ai rien à théoriser de particulier, mais je remarque quelques trucs:
Avoir un 2 sur sa carte vitale, ça donne accès seulement à quelques trucs. Je découvre que la finastéride est une substance anti- androgène beaucoup plus légère et moins violente que l'androcur. Dans le même style, il y a l'aldactone. MAIS... Le médecin n'a pas le droit, en terme d'AMM, de me prescrire ces médicaments "réservés aux hommes". J'envoie à mon médecin un article canadien qui expose les possibilités de ces traitements pour les transitions hormonales MtoF, et qui a été testé chez des femmes cis également, avec de bons résultats. Je réalise qu'au delà de l'enjeu médico-légal, il y a chez elle une difficulté à me prescrire un comprimé qu'elle estime "pour les mâles". Elle me refait le topo de l'androcur et de son inocuité. Pourtant, voici ce que je lis sur un site d'auto-support de meufs trans, finalement bien habituées à de voir se défendre face à la médecine:
"L'Androcur®, vu qu'il arrête pratiquement net toute production de testostérone par le corps, freine effectivement la pousse des poils du corps chez beaucoup de personnes. Mais l'Androcur® n'est pas un produit qu'on peut prendre pendant des années, et encore moins à vie, car il est hautement nocif pour la santé."
Je suis pas très rassurée, j'oublie parfois de prendre mon traitement parce que je commence à être soulée. J'ai compris que c'était à prendre des années, tant que je voudrai avoir mes cheveux, et moins souffrir.
Alors c'est quoi [[la suite]]?Bah je sais pas trop, j'ai quelques idées un peu floues.
Mais surtout, j'ai envie d'en parler, de partager mes expériences et impressions, d'analyser un peu plus finement tout ça.
Vous savez où me trouver :)